Cars 2: critique de la dictature de la beauté et éloge du mouvement Body positive

Vous voulez avoir une bouche bien pulpeuse effet “ duck face”, un fessier bien rebondi à la “kim kardashian” des yeux de chats façon “ bella hadid” alors pas d’inquiétude. Telle une baguette magique, la chirurgie esthétique est là pour effacer tous vos complexes. 


Aujourd’hui, changer la nature de son visage ou de son corps est devenu un acte presque banal. Au risque de perdre toute sa singularité, de tomber dans la dysmorphophobie, certains sont prêts à tout. Dans une société de surconsommation dominée par l’uniformisation des canons de beauté, la différence n’a plus sa place. 


Le long-métrage d’animation Cars 2, réalisé par John Lasseter et Brad Lewis pour Pixar illustre parfaitement la pression que certains subissent pour changer d’apparence. Alors même qu’ils n’ont rien demandé, on propose à Martin le dépanneur ou encore à Holley l’agent secret, la possibilité de réparer leur carrosserie en seulement quelques minutes. Cette dictature de la beauté qui est ici clairement verbalisée apparaît comme disponible, rapide et efficace. 


Favorisée par l’influence grandissante des réseaux sociaux tels que Instagram ou encore Tiktok, la standardisation des canons de beauté délimite ce qui peut être qualifié de désirable ou non. La beauté que l’on pensait autrefois subjective et aujourd’hui objectivée pour devenir universelle. 


Mais cela ne s'arrête pas là. 

L’année dernière, Maeva Ghennam, star de la téléréalité et candidate phare de l'émission “Les Marseillais” a par exemple fait la promotion d’une intervention esthétique de la vulve. Dans une story Instagram ou elle est suivie par plus de 3 millions de personnes et un public essentiellement composé d’adolescentes, elle explique fièrement que “c’est super important d’avoir un beau vagin et qu’elle a vraiment de la chance”. Elle dit d’ailleurs “ j’ai vraiment un beau vagin, je n’ai pas les lèvres qui dépassent. (…) C’est trop bien. Là, c’est comme si j’avais 12 ans” . Cet exemple illustre parfaitement le poids des injonctions qui pèse sur la femme. Sans même parler de la dimension pédocriminelle de ce message, Maeva nous explique clairement qu’un vagin qui dépasse n’est pas considéré comme désirable à l’inverse de celui d’une enfant de 12 ans. Dans une société patriarcale ou la femme a une date de peremption, avoir le vagin d’une petite fille est donc considéré comme un atout phare. L’association “Osez le féminisme ! “ s’interroge d’ailleurs sur le vrai cœur du problème : « Quand une femme confond vagin et vulve, et traite son corps comme un objet de performance esthétique à améliorer selon des normes objectifiantes et pédocriminelles, c’est à elle qu’il faut s’attaquer? Ou au système patriarcal qui lui a inculqué ces notions ? ». 


Dans Cars 2, le courant body positive mis en avant tend à renverser cette dictature de la beauté. En effet, l’idée selon laquelle il existe un type de corps, de couleurs de peau ou de formes à avoir pour être qualifié de beau est clairement déconstruite. Ce mouvement social qui prône la diversité des corps apparaît dans plusieurs scènes. L’une des plus marquante est probablement celle ou lors d’une mission les agents secrets Holley et Finn tentent de modifier l’apparence de Martin. Malgré sa voiture toute rouillée et cabossée, Il refuse de subir des transformations. Il explique clairement que cette différence a trop de valeurs à ses yeux puisqu’elle lui permet de se souvenir de tous ces accidents. Ici, ce qui est qualifié d'inesthétique n’est pas réduit à un simple défaut. Au contraire, ces bosses impliquent une dimension sentimentale comparable à une réminiscence. Ces brosses permettent en effet à Martin de se souvenir de ces accidents avec Flash Mcqueen. À la fin du long-métrage, Holley adopte le même discours lorsqu’on lui propose une rénovation. 



Si l’industrie pornographique mainstream, s’est pendant longtemps permise de dicter les normes de beauté. Que l’apparence même du sexe féminin est discutée par des hommes afin de déterminer quelle morphologie est désirable ou non. Aujourd’hui, ce court métrage, destiné au plus jeune, lutte contre la dictature de la beauté. 

Avec Cars, le message est finalement clair : notre différence est en réalité notre plus grande force. 


                                                                                                                                                       Salma Laalj 


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